e-BPM Formations en ligne en maintenance industrielle

La Croisière s’amuse… et la Maintenance dans tout ça ?

A Saint Nazaire, au fil des ans et des commandes, les paquebots construits battent des records de longueur et de capacité d’accueil. A ce jour, au nom de la rentabilité, les armateurs refusent d’immobiliser leurs navires. Il faut assurer la maintenance alors que le navire est en exploitation. Bientôt finies, les images de ces mastodontes amarrés au port durant trop longtemps pour de « simples » opérations de maintenance.

Jusqu’à présent, les services techniques des compagnies maritimes avaient toujours privilégié deux types de visites de maintenance : le carénage et les escales.

Le carénage consiste à nettoyer la carène et à la repeindre. Avec l’obligation d’immobiliser le navire, on en profitait alors pour réaliser une maintenance approfondie, aussi bien des équipements que des machines. Aujourd’hui, les produits appliqués sur les carènes permettent d’espacer ces carénages. Quant aux escales désormais limitées à quelques heures, elles ne simplifient pas la réalisation des nombreux travaux de maintenance nécessaires sur ces genres de navires.

De fait, la maintenance systématique qui consistait à remplacer des pièces de manière régulière est progressivement remplacée par la maintenance prédictive.

Autrement appelée prévisionnelle, cette maintenance suit un processus permettant d’anticiper les besoins de réparation ou de modernisation des navires. Ainsi, grâce à l’analyse de données massives et à la définition de modèles statistiques prédictifs, les bateaux deviennent plus « intelligents » et plus autonomes. On fait alors appel aux outils de type Intelligence Artificielle s’appuyant sur une combinaison de capteurs intelligents et d’outils classiques de mesures dont on analyse ensuite les enregistrements.

En permettant d’assurer une exploitation maximale du navire, la maintenance prédictive génère des économies. Dans un esprit Lean elle améliore la rentabilité des paquebots en ouvrant la voie vers la maintenance juste nécessaire (pour en savoir plus… voir le module de formation e-BPM M2 : booster sa Maintenance par le LEAN).

Ainsi, les paquebots nouvelles générations tels que « The Wonder of the Seas », en cours de construction sur le chantier naval de Saint Nazaire (363 mètres et une capacité d’accueil d’environ 6800 passagers) sont équipés d’un grand nombre de capteurs dits « intelligents ». Ceux-ci mesurent température, vibrations, consommations… et enregistrent toutes ces données stratégiques. De ces informations et analyses qui en découlent il est alors possible de prévoir les interventions et les pièces nécessaires.

Autrefois à quai, la maintenance à bord des paquebots devient la règle. Elle fait appel à de nombreuses technologies dont beaucoup sont destinées à fournir les données nécessaires à prévoir au plus près les natures et dates d’interventions. Cette maintenance prédictive permet d’intervenir « just in time » et de diminuer les coûts de remplacement ou d’entretien de pièces en réalité non-problématiques. Seul revers de la médaille, il faut accepter de laisser partir les équipes « en croisière ».

« Le jour J » et, bien entendu, en fonction des escales, des équipes de trois ou quatre spécialistes embarquent à bord avec le matériel nécessaire. Ce sont généralement des membres du personnel d’un chantier de réparation navale, dépêchés par avion. Si tendu qu’il y paraisse, ce fonctionnement s’appuie sur la redondance des installations les plus stratégiques pour continuer d’assurer la fonction. Sont par exemple concernés : les pompes de circulation, les groupes électrogènes, les calculateurs, etc…

Alors… si vous croyez que votre responsable Maintenance et son équipe jouent « à la Croisière s’amuse », détrompez-vous ! Certes ils rejoignent le paquebot à bord d’avions et hélicoptères spéciaux, certes ils vont passer du temps au milieu des vacanciers… Mais en fait, et surtout, ils vont devoir relever le défi d’intervenir sans arrêter les machines. Et si on vous dit qu’ils font de plus en plus appel à l’IA* ? là on n’est plus très loin d’un James Bond et pourtant…